En se promenant à travers la campagne d'Écoche, presqu'en toutes saisons on voit dans les prairies des vaches. L'élevage bovin est aujourd'hui l'activité principale de l'agriculture mais même aux temps de la polyculture ou de la double activité cultures/textile, le cheptel bovin était très présent ; parfois une seule vache pour un ménage de tisseurs et parfois plus d'une dizaine. Rares étaient les gros troupeaux.

Aujourd'hui les vaches élevées pour la viande restent presque l'année durant dans les prés ; la race charolaise prédomine alors, même si on trouve désormais des Limousines. Les vaches élevées pour le lait paissent souvent à proximité de leur étable - en fait des stabulations sous hangars, naguère qualifiées de stabulations libres et aujourd'hui simplifiées en stabules. Il est difficile de nos jours de faire déambuler sur les routes et les chemins un gros troupeau alors que jusqu'à la fin des années 1980 c'était monnaie courante. Pour déplacer des vaches d'un champ à l'autre on utilise plutôt de grandes remorques tractées ou des bétaillères.

Vaches charolaises en haut à gauche ; montbéliardes indifférentes ci-contre et stabulation à Fillon (photos de 2017-2018)


Le vocabulaire traditionnel autour des vaches raconte un peu leur vie naguère.

Elles passaient leur nuit à l'étable qu'on appelait tout simplement l'écurie. Le paysan ensuite venait pour les tirer. Tirer une vache c'est en français la traire. Après la traite on les lâchait c'est à dire qu'on les détachait  pour les sortir de l'étable. Le troupeau (de quelques unités pas toujours d'une même race) était mené en champ par un chemin qui pouvait durer parfois jusqu'à une demi-heure. Si le pré n'était pas clôturé, une ou des personnes - femmes ou enfants- les gardaient ; on disait qu'ils allaient en champ (cette expression signifiant exclusivement garder le troupeau). Pendant ce temps à la ferme on fromogeait, ce qui signifie nettoyer l'étable du fumier qui s'était fait pendant la nuit ; puis on se mettait à éternir, ce qui veut dire mettre de la litière propre. Quand les vaches avaient suffisamment rempli leur panse, on les déplaçait toujours par un chemin, à la bade (expression signifiant qu'elles déambulaient librement) vers une prairie clôturée et ayant de l'eau, parfois appelée un pâquis ou paquier. Le soir on serrait les vaches, ce qui veut dire qu'on les rentrait à leur place (l'écurie). L'hiver elles restaient à l'étable, alors soir et matin, on faisait le pansage c'est-à-dire qu'on les nourrissait surtout avec du foin, mais aussi quelques racines hâchées comme des topinambours appelés topines (un topinambour mais une topine!)etc. Le foin disposé derrière le rateau (ratelier), les racines déposées dans la crèche. Le matin, avant l'époque de l'eau courante qui permit d'amener l'eau jusque dans les abreuvoirs, comme le soir, les vaches étaient lâchées quelques minutes pour aller boire à une bâchasse, qu'il fallait quelquefois dégeler!

 

Contrairement aux idées reçues, le paysan aime ses vaches. Bien sûr aujourd'hui pour la traçabilité elles sont toutes numérotées mais traditionnellement elles étaient appelées par leur nom : Frisée, Rougie, Fauvette, Papille, Bardelle, Fromente, Cabette, Noiraude, Pomponette, etc...

 

Outre donner leur lait, nourrir leurs veaux ou attendre l'abattoir, les vaches étaient utilisées pour leur force motrice : par paires, elles tiraient charrue, tombereau, charrettes, etc... sous le joug d'attelage. Cela a progressivement disparu et à la fin des années 1960, il ne restait à Écoche qu'un ou deux attelages.

 

Troupeau à l'ancienne (photo de 1977)

 

Et jadis...

 



A gauche la vache blanche se tient à l'ombre et lèche une "pierre de sel" ou bloc à lécher, c'est-à-dire un complément alimentaire pour animaux se présentant sous la forme d'un bloc de quelques kilos, composé principalement de sels minéraux, en particulier du chlorure de sodium. C est un moyen simple d'apporter aux animaux un complément d' oligo-éléments, ce qui permet d' éviter d'éventuelles carences alimentaires, en particulier dans le cas des animaux en prairie..

Comme les vaches restent longtemps dehors même l'hiver lorsque les journées ne sont pas trop rudes (et elles semblent l'être de moins en moins, réchauffement climatique oblige) l'agriculteur porte à son troupeau de la nourriture en complément ; c'est pourquoi on voit souvent dans les prés une mangeoire comme celle ci-contre.

Photos de mars 2018.



Montbéliardes près de l'étable à Chiforest


Limousine à Chi fonteret